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Les céréales


L’été, c’est le temps des fruits mais aussi celui des céréales qui apportent, depuis bien des siècles, aux hommes et aux animaux, la nourriture essentielle de l’année. Aussi les mots qui les désignent ont-ils une histoire qui peut intéresser les curieux de la langue française.
L’origine du mot blé, céréale très anciennement cultivée en Europe, surprend : il ne vient pas du latin frumentum (qui a donné froment, mot littéraire ou plus précis qui désigne la meilleure qualité de blé) mais sans doute du germanique blad (produit d’un champ) qui a donné en ancien français blef et se trouve à l’origine d’emblaver et d’emblavure (ensemencement d’une terre). Du verbe déblayer, d’abord enlever le blé du champ, sont dérivés déblai, déblayement, et ensuite remblayer et remblai. Le mot blé a été associé à des qualificatifs ou des déterminants pour désigner le sarrazin (blé noir), le maïs (blé d’Espagne, blé de Turquie, blé d’Italie), céréales apparues seulement aux XVe et XVIe siècles.
Le sarrazin, sans doute à cause de son origine orientale, porte le nom donné au Moyen Age à tous les peuples d’Orient de religion musulmane. A l’origine, Sarraceni, devenu en français Sarrazin, désignait en latin un peuple d’Arabie.
Le maïs fait figure de nouvel arrivé puisqu’il a été importé d’Amérique au début du XVIe siècle sous le nom donné à cette céréale par un peuple de l’Ile de Haïti.
Le riz est mentionné dès le XIVe siècle, sous la forme ris, empruntée à l’italien riso, du latin oryza, lui-même emprunté d’un mot grec d’origine orientale. Le z a été conservé sans doute pour éviter la confusion avec le mot ris, déjà employé dans la langue (un ris, un ris de veau).
Mais les autres céréales sont plus anciennes et d’origine latine : le seigle, du latin secale (« ce que l’on coupe ») avec des formes seille ou soile attestées dialectalement ou en ancien français ; l’orge, du latin hordeum qui était neutre mais a donné un mot féminin sauf dans orge perlé et orge mondé ; l’avoine, du latin avena ; le mil, du latin milium, remplacé par le diminutif millet, et sans doute très répandu jusqu’au XVIIe siècle si l’on en juge par les allusions littéraires.
On le voit donc, les céréales, à l’exception du mot blé et des céréales exotiques, portent des noms d’origine latine et ont gardé jusqu’à nos jours les mêmes dénominations.
(F. Argod-Dutard)


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