Contrairement à l’ensemble des mots français, les mots de la mer ne sont pas majoritairement issus du fonds latin, si l’on excepte des mots tels que
mer, port, nef navire, vaisseau, voile, ancre, gouvernail. La plupart sont des emprunts aux langues des peuples du Nord ou de ceux du Sud, dont l’activité maritime était plus importante à l’époque médiévale que celle des français.
Parmi les premiers, on note des mots comme mât et bord qui ont été importés par les Francs, d’autres qui proviennent des langues scandinaves, comme hauban, hune, étrave, écoute, tillac, cingler (ou anciennement sigler à partir d’une racine qui signifie « voile »), d’autres, des langues anglo-saxonnes comme bateau, boutine ou les appellations des points cardinaux (Nord, Est, Ouest, Sud) réservées sous cette forme au vocabulaire scientifique, l’usage littéraire préférant midi, couchant, septentrion, orient ou levant, occident ou ponant. Le néerlandais a fourni hâler, matelot, havre (« port »), bâbord, tribord. À l’époque moderne, d’autres termes ont été empruntés à l’anglais : paquebot (packet boat), canot (par l’intermédiaire de l’espagnol canoa parlé dans les Caraïbes).
La marine byzantine, toute puissante en Méditerranée, a laissé également des traces dans le vocabulaire français. La Chanson de Roland évoque des dromons (« vaisseaux rapides ») et des chalands (limités à la navigation fluviale). Les gabarres et les galères (d’abord galies mais dont la forme à été influencée par l’italien) ont gagné nos usages de même qu’un certain nombre de termes de la péninsule italique : caravelle, boussole, proue, amiral (à partir de l’arabe émir, langue qui nous a donné également le mot arsenal).
Des influences régionales, propres à la France, ont influencé quelques mots : le provençal barque a remplacé le mot barge comme câble s’est substitué à châble.
Mais les noms des bateaux sont, pour la plupart, d’origine latine. Le mot vaisseau (vascellum, diminutif de vas : « récipient, vase ») a d’abord désigné toute espèce de récipients et, sous sa forme féminine (issue du neutre latin vascella), l’ensemble des récipients domestiques. De nos jours, c’est un terme générique, peu employé, sauf dans un sens très particulier, celui de « vaisseau sanguin ». Le vieux mot nef a subsisté jusqu’au XVIIe siècle, et parfois le XVIIIe siècle, dans le vocabulaire littéraire (sous la forme nauf ou nau dialectalement). Ce mot vient du latin navis (« navire ») et ne désigne plus que la partie centrale de l’église. Nacelle (navicella, « petite embarcation ») est plutôt employé pour parler d’un habitacle restreint, navette (navitta), pour évoquer l’instrument de forme analogue utilisé par le tisserand et, par métaphore, pour exprimer un mouvement incessant dans l’expression faire la navette. C’est un autre dérivé du latin navis qui est devenu le mot le plus usuel : navire (< lat. navigium qui a donné navirie, naville, navie, navoi), forme qui s’est stabilisée au XVe siècle, d’abord au féminin, et, à partir du XVIIe siècle, au masculin.
Le mot barque (barca, d’origine orientale) s’est imposé sous la forme barge qui a subsisté pour désigner de petits bâtiments plats, puis la forme barque qui a donné les dérivés embarquer, débarquer et embarcation (par l’espagnol).
À époque récente, se sont répandus des mots comme bâtiment, frégate, clipper, pétroliers et bien d’autres d’origines diverses.
(F. A.-D.)