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Les formes et sens du mot " eau"


Le mot « eau » vient du latin aqua. Il est apparu vers 1150 sous la forme ewe en ancien français puis un a s’est developpé entre le e et le w, d’où une forme eaue (prononcée en triphtongue) dont le e final est tombé au XVIe siècle.
Coexistent en outre les formes aive, eve, conservées dans les dialectes poitevins-charentais, et aigue, dans les régions méridionales. Ces formes se retrouvent dans des composés, bien entrés dans le français, comme « évier » ou « aiguière », « aigue marine », ou des toponymes comme Aigues mortes. On trouve la forme eux dans le mot « gâteux » qui désigne celui qui est « gâté par ses eaux » et donc incontinent au Moyen Age.
Le mot « eau » a donné des composés comme « eau de vie », au XIVe siècle, traduction du latin des alchimistes aqua vitae (où l’italien acquavite) : les alchimistes s’étaient crus en présence de l’élixir de longue vie en trouvant de l’alcool à la suite de distillations de vin. « L’eau ardente », traduction de l’espagnol aguardente, est un mot usité au XVIe siècle et aujourd’hui en Provence et Languedoc pour désigner « l’eau de vie ». L’eau-forte qualifie, chez Ambroise Paré, l’acide azotique et, au XIXe siècle, une gravure (d’abord « gravure à l’eau forte ») : « l’aquafortiste » est donc l’artiste qui grave à l’eau-forte. Le mot « morte-eau » désigne une marée de faible amplitude depuis 1484, date de sa première attestation.
À côté de ces formes, existent évidemment des mots de construction savante formés sur la racine latine aqua : « aquatique, aquarium, aqualifère, aqueduc, aquaplane, aquanaute… » ou des emprunts à l’italien comme « aquarelle, aquatinta » (gravure qui imite le lavis).
Combiné à des adjectifs ou à d’autres mots, notons par exemple, de formation plus récente, « les eaux-vannes » (particules liquides contenues dans les fosses d’aisances), les eaux usées (des égoûts), « l’eau de constitution » (faisant partie intégrante de la molécule d’un composé), « l’eau de cristallisation » (en combinaison avec certaines substances chimiques à l’état de cristaux), « l’eau mère » (résidu d’une solution après cristallisation d’une substance qui y était dissoute), « faire eau » (se remplir d’eau accidentellement, en parlant d’un bateau), « eau de source », « eau minérale », « eau de Seltz », « eau des Barbades » (citronnelle), « eau de Cologne », « eau de toilette », « eau de Javel », « eau de chlore »... Au pluriel le mot « eaux » donne lieu à des sens particuliers : « ville d’eaux », « prendre les eaux » » (eaux thermales), « perdre les eaux » (liquide amniotique), « eaux territoriales » (eaux dépendant de la souveraineté d’un état)… Des expressions ajoutent, à ces emplois nombreux, des sens figurés : « Mettre de l’eau dans son vin », « Avoir l’eau à la bouche », « Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse »…
(F. A.-D.)


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