Les réjouissances de Noël permettent d’oublier que décembre c’est aussi la fin d’un cycle de végétation, la clôture d’une année, l’attente d’une lumière nouvelle. Joachim Du Bellay, le poète de Liré, n’a pas passé la fin de l’année 1559, puisqu’il s’est éteint dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Ronsard, lui qui a si bien chanté la reverdie et la rose à peine éclose dans la rosée du matin, a abandonné son jardin de Saint-Cosme le 27 décembre 1585 mais nous a laissé un héritage incomparable qui a renouvelé la poésie française et fait briller son nom au-delà des siècles écoulés.
Il est né au Château de la Possonnière en Vendômois en 1524 d’une famille noble. Dès 1536, il est attaché comme page aux enfants du roi. Agé d’à peine quinze ans, une grave maladie le laisse à demi-sourd et l’oblige à se retirer à la Possonnière où il cultive la poésie. En mars 1543, il reçoit la tonsure pour s’assurer le revenu de bénéfices ecclésiastiques. Encouragé par Jacques Peletier du Mans, il adapte en français les Odes épicuriennes d’Horace. Pendant cinq ans au moins, il se remet à l’étude des lettres antiques au Collège de Coqueret sous la direction de Dorat. En janvier 1550, il publie ses Quatre premiers livres d’Odes qui le désignent comme chef de la nouvelle école poétique « La Pléiade ». Désormais il devient le prince des poètes et publie successivement les Amours de Cassandre (1552), le Cinquième livre des Odes (1552), les Folastries (1553), le Bocage (1554), les Mélanges (1554), La Continuation des Amours (1555), la Nouvelle continuation des Amours (1556), les Hymnes (1556-1556) et les Discours (1562-1563). C’est ensuite la gloire et Ronsard devient poète officiel. Mais, après l’échec de la Franciade (1572) et la mort de Charles IX, le poète, supplanté par Desportes, se retire dans ses prieurés et écrit les Sonnets sur la Mort de Marie et les Sonnets pour Hélène (1578). Travaillant sans relâche à la réédition de ses œuvres, il meurt à Saint-Cosme le 27 décembre 1585.
(F. A.-D.)