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De la Chandeleur à Mardi-gras


Des quatre saisons de notre calendrier, seuls l’été et l’hiver, aux températures nettement caractérisées, qui réglaient la vie des armées et la navigation, ont des noms hérités du latin, mais de façon un peu détournée pour ce qui de l’hiver. Le mot hiems n’a en effet donné, par voie savante que l’adjectif « hiémal » qui, en botanique, caractérise une plante qui croît en hiver. C’est de l’adjectif hibernum employé dans l’expression tempus hibernum (« temps de l’hiver ») que dérive notre mot. Sur « hiver », on a formé l’adjectif « hivernal », le verbe « hiverner » et le nom « hivernage » qui s’appliquent, pour les troupes et les navires, à l’action de passer l’hiver. « Hiberner » et « hibernation » sont des emprunts plus récents. Le premier est un terme de zoologie qui se dit des animaux qui passent l’hiver dans un état d’engourdissement, c’est à dire en hibernation. Mais ce dernier mot a pu désigner récemment en médecine le sommeil provoqué par les médecins dans le but d’appliquer aux patients certains traitements.

Cette saison, aux journées courtes et aux rudes frimas, est aussi illuminée par quelques fêtes où brille la lumière, où abondent, comme par compensation, les réjouissances et les gourmandises.

La Chandeleur, qui avait lieu le 2 février dernier, est proprement la fête des chandelles (latin populaire *candelorum, génitif pluriel, dans l’expression festa candelorum, altération par analogie de candelarum). Cette fête commémore, dans la religion chrétienne, la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et les relevailles de Marie, quarante jours après la naissance du Christ. On avait en effet coutume d’allumer des cierges à minuit en symbole de purification. Mais on sait aussi que cette fête s’inscrit dans une tradition plus ancienne. Les lupercales romaines, vers le 15 février, célébrait Lupercus, le dieu de la fécondité et des troupeaux. Les Celtes fêtaient, à la même époque, la purification et la fertilité, au sortir de l’hiver, en parcourant les champs avec des flambeaux.

À l’époque chrétienne, dans les églises, on remplace les torches par des chandelles bénites dont la lueur éloigne le Mal et rappelle que le Christ est la lumière du monde. Les Chrétiens rapportent ensuite les cierges chez eux afin de protéger leur foyer. C’est à cette époque de l’année que les semailles d’hiver commençaient. On se servait donc de la farine excédentaire pour confectionner des crêpes, symbole de prospérité pour l’année à venir. On a dit aussi que les crêpes, par leur forme ronde et dorée, rappellent le disque solaire, évoquant le retour du printemps après l’hiver sombre et froid.

Le carnaval est la période qui s’étend du jour des Rois au début du Carême, jusqu’au Mercredi des Cendres, lendemain du Mardi-gras.

Ce mot « carnaval » est emprunté, au moment des fêtes somptueuses de la Renaissance, par le français à l’italien carnevale, proprement « mardi gras » et issu par méthathèse de carnelevare « ôter la viande », terme qui évoque le jeûne du carême. Le Carnaval a pour fonction de faire oublier les privations de l’hiver et d’annoncer le retour du printemps.

La fête s’accompagne de danses symboliques, de farandoles, dont les jeunes, essentiellement les hommes, (c’est la fête de la virilité) sont les principaux acteurs. Fête des déguisements et des masques qui transforment et cachent la réalité, c’est une période de liesse collective. Libérés des lois, des tabous et des rapports hiérarchiques, les carnavaliers inversent les rôles. C’est aussi l’occasion d’un règlement de comptes collectif, reflet des conflits sociaux, des luttes politiques, des tiraillements entre l’été et l’hiver, le gras et le maigre, le riche et le pauvre... et une invocation à la fécondité de la terre et de la femme, un exorcisme contre les intempéries, les maladies et les catastrophes.

Mardi-gras était le dernier jour où les Chrétiens pouvaient manger du « gras », d’où la fête du bœuf-gras. Les 40 jours suivants, qui précédaient Pâques, ils consacraient leur temps à la prière et ils jeûnaient. Ce jour symbolisait le début du Carême pour les Chrétiens. On a conservé l’habitude, de déguster ce jour-là, des beignets ou des crêpes.

(F. A.-D.)


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